« La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. »
Victor Hugo
(Extrait du Discours d'ouverture du congrès littéraire, 1878)

Que peut faire Médulys ?

Archives de Calcaire, Pays des Mânes
Locquastérie s’apprêtait à fermer la trappe mais Médulys plaça la main dans l'ouverture. Sans lui laisser le temps de répliquer, la magicienne intervint d'une voix ferme et déterminée.
    – Maintenant vous allez m'écouter. Je suis Médulys d’Écume, sœur de l’Élue devenue Immortelle de Lumière. J'ai des recherches importantes à faire. Je n'ai pas bravé ce temps sordide de votre pays archaïque pour me retrouver face à une femme aigrie qui se croit plus intelligente que tout le monde. Ouvrez cette porte que je me mette au travail.

Médulys
  La femme rousse resta sans voix. Elle toussota et demanda gentiment à Médulys de retirer sa main et de se reculer de la porte. Satisfaite, la magicienne obtempéra. La trappe se referma doucement et... rien. Pas un bruit ne provenait de la caverne. La porte ne s'ouvrit pas. Elle allait frapper sur le calcaire mais la trappe s'ouvrit. La magicienne eut juste le temps de baisser la tête pour ne pas recevoir la pierre que lui lançait la femme. La trappe claqua et la terre gronda. Médulys s'empara de la pierre lancée, après avoir remarqué qu'un bout de papier y était accroché, et monta quatre à quatre l'escalier. La butte reprit sa force à l'instant où elle se retrouva à l'extérieur.
    – Elle est malade cette bon'femme !

  Médulys sourit soudain pensant à son problème avec les tunnels et le souvenir de sa mésaventure dans la Contrée des Bannis lui revint en mémoire. Elle secoua la tête et se concentra sur la pierre. Elle en retira le bout de papier et le défroissa. L'écriture était à l'image de l'individu : abominable ! Elle eut beaucoup de mal à la déchiffrer. Une fois réussi, elle regretta presque d'avoir lu le message.


    Esprit de Lumière est pure et généreuse, douce et bienfaisante. Si une seconde sœur elle devait avoir, vous ne pourriez l'être. En cas contraire, cela ne vous ouvre pas l'accès à mes savoirs. Disparaissez odieuse magicienne !


   – Pourquoi faudrait-il ressembler à Amilys pour en être sa sœur ?
Médulys eut un pincement au cœur. Combien de fois lui avait-on fait remarquer cette différence ? Évidemment qu'elle n'était pas Amilys ! Personne ne pouvait être Amilys ! Et d'ailleurs, la magicienne préférait bien plus être ce qu'elle était : vivante et sans chaînes... Elle ne sentit pas l'émotion la submerger. Sans vraiment comprendre ce qu'il se passait, elle s'effondra et laissa les larmes noyer ses obsidiennes. Loin de tout, des bienséances d'Abbondanza, des êtres devant lesquels elle s'évertuait à paraître détachée, elle n'avait rien à cacher. L'atmosphère de ce pays la rendait mélancolique et le vide, que sa sœur aînée lui laissait, parut soudain abyssal.

Amilys
    – Pardon Amilys ! murmura-t-elle entre deux sanglots.

  Un étrange sentiment de culpabilité l'envahit. Ce sentiment étrange de n'avoir pas su comprendre sa sœur à temps, de ne pas avoir pu la délivrer de ses chaînes. Elle savait pourtant que rien n'aurait détourné Amilys de son destin. Mais aujourd'hui, elle avait la capacité de l'aider. Alors peu importe ce qu'elle devrait endurer pour faire renaître le Royaume Originel, elle devait le faire. La femme des archives avait raison... une fille à papa ! Elle devait devenir la digne sœur d'Amilys. Elle essuya nonchalamment ses larmes et réajusta sa pèlerine. Elle reviendrait aux archives plus tard et appliquerait les conseils de Faucon. Elle était une jeune érudite et elle devait se comportait en tant que telle. Peu importe son nom, ses origines, son affiliation ! Érudit d’Écume au service de la royauté originelle. Patience... le maître mot des érudits.

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