« La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. »
Victor Hugo
(Extrait du Discours d'ouverture du congrès littéraire, 1878)

Mensonge ou protection ?


   Endormie sous la couverture de laine, sa respiration était à peine audible. Selmor se pencha sur elle et l'embrassa légèrement sur le front. C'était ce que faisait Légalorme dans des moments identiques. La rassurer ! La protéger ! Amilys n'était pas encore remise de sa blessure, elle n'était certainement pas en état de supporter cette terrible nouvelle. Que devait-il faire ? Mentir ? Le Morpho Anaxibia de la fée se posa sur l’épaule droite du magicien qui, les mains dans le dos, observait le Chêne par le hublot de la chambre. Le papillon ne bougea pas et replia ses ailes.

– Tu le sais, Morpho, n'est-ce pas ? C'est pour cela qu'elle est affaiblie. Elle n'en a pas conscience, mais à travers toi, elle porte ce qui s'est produit. Je t'avoue que parfois tout me dépasse.

Le lépidoptère ouvrit les ailes et s'envola vers la fenêtre. Le magicien l'ouvrit et le papillon se dirigea vers le rouvre où il disparut. Puis Selmor s'assit sur le petit banc couvert de velours bleu. Il observa sa nièce un long moment avant qu'elle ouvrit les yeux. Comme à chaque fois, les jades illuminaient la pièce, même lorsqu'ils étaient clairs. Amilys se redressa et sourit à son oncle.

– Vous êtes là depuis longtemps ?

– Suffisamment pour avoir eu une discussion avec un certain Morpho.

– Oncle Selmor ? appela-t-elle d'une voix emplie de détresse.

Le magicien se leva et vint se poser près d'elle sur le lit. Il lui prit la main pour apaiser ses angoisses. Il devança ses questions pour être maître de la discussion et ne pas se laisser surprendre, ne pas rester à court de réponses, ne pas être surpris.

– Tu voulais me voir. Qu'est-ce qui chagrine l'esprit d'une aussi jolie fée que toi ?

– Pourquoi ne puis-je pas retourner à la clairière ? Pourquoi le Chêne refuse-t-il de fusionner sa sève avec mon sang ? Pourquoi Légalorme ne vient-il pas ? Oncle Selmor, j'ai besoin de savoir, de comprendre... Pourquoi ne vient-il pas auprès de moi ?

Depuis combien de temps retenait-elle cette souffrance ? Un ruisseau de jade souligna ses yeux. Elle ne pouvait pas se plaindre, son entourage était à ses petits soins et faisait de son mieux pour lui faciliter l'existence au palais. Elle ne pouvait pas s'effondrer devant Lunabstrus, pas pour Légalorme. Selmor eut beaucoup de peine pour sa nièce.

– Tu es encore faible. Fais confiance à Pavilys. Lorsqu'elle sera d'accord pour que tu quittes le palais, je t'accompagnerai moi-même à la Clairière aux Fées. Quant à ton Chêne, je crois qu'il te préserve. Fusionner avec l'arbre demande beaucoup de magie, tu le sais, et il doit ressentir ta faiblesse quand tu l'embrasses. Il t'accepte dans ses branches pour que tu te ressources. Profite de sa chaleur.


4 commentaires:

  1. Mais non ! Comment tenir jusqu'en juin ! Arffff :'( chaque ligne m'emporte toujours aussi vite et aussi loin ;-) Bravo

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    1. Tu vas avoir de quoi t'imaginer tout un tas de scénarios ;)
      Patience !!! Merci pour ton enthousiasme =)

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  2. Joliii !! On est emporté dans un monde féérique, c'est joliment conté :)

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    1. Bienvenue dans mon univers =)
      Merci de ce compliment qui me pousse un peu plus à écrire.

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