« La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. »
Victor Hugo
(Extrait du Discours d'ouverture du congrès littéraire, 1878)

La fée aux papillons étoilés


      Assis au sommet d'un rocher qui séparait l'oasis de Viridis du canyon, un jeune magicien observait l'étoile bleue à travers la turquoise de ses iris. Était-elle réelle ? Il avait déjà vu cette étoile scintiller des cycles lunaires plus avant. Mais ce qui l'intriguait davantage était ces petits astres émanant des mains d'une fée, un soir où il avait poussé son cheval le long de la faille. La Vallée des Oasis n'était qu'à quelques centaines de mètres du Royaume de Sève et il n'était pas difficile de discerner les sylphes de ce royaume lorsqu'on avait accès à la barrière magique. Il fixait toujours le ciel. Qui était capable de reproduire un astre céleste ? Un léger soulèvement de poussière fit paraître une volute ocre. Le corps annulaire d'un serpent se dessina devant le magicien.

  – Ton esprit est perturbé ce soir, Jeune Mage, siffla une voix.

– Qui est-elle, Serpent ?

– Une étoile porteuse d'espoir.

– Pas cet astre mais... la fée qui produit les mêmes étoiles, corrigea sérieusement le mage.

– Qui crois-tu qu'elle soit ?

– Oh, ne parle pas comme ma mère.

– La magicienne est pourtant d'une grande sagesse, répliqua l'esprit de Terre.

Mère aurait certainement une réponse mythique...

Pourquoi éprouvait-il ce besoin de savoir qui elle était ? Rien ne pouvait expliquer cet attrait excepté peut-être les histoires que sa mère lui avait contées enfant et encore maintenant. La première fois qu'il avait observé cet astre, elle était avec lui dans le jardin du riad. Elle lui avait raconté une légende liée à une étoile de saphir et, comme bien souvent, elle lui avait ensuite demandé de guetter les signes avant-coureur de sa réalisation. Car bien évidemment pour la magicienne toute histoire était une prophétie. Le magicien prenait ces contes avec le sourire : sa mère vivait dans un monde imaginaire et le moindre phénomène inattendu devenait un signe. Mais il devait avouer que cette fée attisait sa curiosité et perturbait son aura : elle avait créé des étoiles bleues. Qui pouvait-elle être ?

« Le charme féerique est un piège redoutable pour les magiciens de notre race. Il te conduira à la folie et à ton bannissement. Souviens-toi que ces êtres ne sont pas humains. Ce ne sont que des insectes capables de détourner notre bon-sens. » lui aurait soufflé son père. C'était l'éducation qu'il avait reçu : le sang de Sienne était le meilleur, ses énergies de Terre et de Feu les plus puissantes et rien ni personne ne devait souiller cette richesse. Il était de Sienne... Deux royaumes ennemis et une Entente Cordiale l'obligeaient à demeurer sur ce rocher. Mais il souhaitait juste savoir qui elle était. Il n’enfreignait aucune loi.

Cette fée, Serpent... Je n'ai jamais vu pareille grâce. Il émane d'elle tant de puissance et de fragilité à la fois, de bienveillance et de détermination. Son charme ne peut laisser indifférent un magicien même de Sienne, ou un esprit comme toi.

– Je suis dépourvu de sentiments, t'en souviens-tu ?

– Oui, bien sûr. Mais tu as remarqué les elfes tirer leur révérence sur son passage. Elle est bien plus digne qu'une reine ! Elle est pourtant si jeune.

– Elle n'a que deux années de moins que toi, siffla l'esprit. Mais tu vois déjà qui elle est, Jeune Magicien.

Je ne comprends pas...

– Le temps trace son chemin comme il trace le tien.

– Ne pourrais-tu pas pour une fois être plus clair ?

– Ce n'est pas dans mes attributions, siffla l'esprit ironiquement.
Marie C la Rainette Ailée }i{

3 commentaires:

  1. CaLu Magicienne3 avril 2016 à 13:43

    Hé hé, ce texte a un parfum de déjà-vu, tu ne trouves pas ?

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    1. Pour les lecteurs assidus ;)
      Il faut bien que j’appâte les nouveaux, non ?

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